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Paul Biya est complétement dépassé par la situation et ne sait plus quoi faire-John fru ndi

 

Le gouvernement a déployé des centaines de forces de sécurité au Nord-Ouest, dans le cadre de l'opération militaire « Bamenda clean » lancée le 8 septembre pour tenter de neutraliser les séparatistes.



Selon ses habitants, la ville de Bamenda, dans le Nord-Ouest du Cameroun, est en état de siège. 
 Les rues sont vides, les commerces fermés, les gens ont peur de sortir. Un an après le grand dialogue national organisée par le président Paul Biya pour tenter de trouver une solution à la crise anglophone, la situation est pire qu’avant estime John Fru Ndi, leader historique des Social Democratic Front (SDF).



« C’est triste, vraiment triste de voir que la situation a dégénéré à ce point, alors que nous avons tout fait pour empêcher Paul Biya de déclencher une guerre. Des crimes sont commis des deux cotés, par l’armée et les groupes séparatistes, et les civils sont coincés au milieu, déplore le leader du parti d’opposition anglophone. Les militaires accusent la population de ne pas les aider à identifier les combattants séparatistes. Et les séparatistes, qui sont mêlés à la population, tuent les civils qu’ils soupçonnent de collaborer avec l’armée. »




« Je pense que M. Biya est complétement dépassé par la situation et ne sait plus quoi faire. Le gouvernement est dans une situation désespérée où il est obligé de tuer les civils pour tenter de ramener la paix et la stabilité dans cette région », estime le leader politique anglophone.

Un an après sa tenue, le grand dialogue national n’a pas réussi à mettre un terme à la crise au Cameroun. L’accélération de la décentralisation, option choisie par Yaoundé au détriment du fédéralisme souhaité par certains leaders anglophones modérés, n’a pas pu stopper les violences dans les régions anglophones du pays.

Annoncé à grand renfort médiatique comme un début de solution au conflit meurtrier qui oppose depuis 2016 les forces armées et séparatistes dans les régions anglophones du Cameroun, le «grand dialogue national» (GDN), qui s’était déroulé du 30 septembre au 4 octobre 2019, peine à tenir ses promesses un an plus tard.



Alors que le comité de suivi des résolutions de ces pourparlers de Yaoundé a organisé, le 3 septembre dernier, sa première réunion d’évaluation, les violences sont montées encore d’un cran à Bamenda, la capitale régionale du Nord-Ouest anglophone, où des scènes de guérilla urbaine ont été enregistrées. Depuis le mardi 1er septembre, de nouvelles violences ont éclaté entre les forces de l’ordre et les séparatistes à Bamenda, après l’assassinat d’un inspecteur de police.

Durant ces deux premières semaines du mois de septembre, de nombreux coups de feu ont été signalés et les populations de la ville de Bamenda ont perdu le sommeil. Un niveau de violence sans précédent dans cette zone depuis fin 2019.

Un grand dialogue pour rien?

Au cours de l’été 2019, et sous la pression de la communauté internationale, le Président Paul Biya a accepté d’organiser un dialogue national dont il a confié la direction des travaux à son Premier ministre Joseph Dion Ngute. Des pourparlers déjà très critiqués à l’époque par des spécialistes de la gestion des conflits comme Wannah Immanuel Bumakor, du fait de l’absence des principaux groupes armés.




«Le GDN a défié toute logique du mécanisme de résolution des conflits et s’est plutôt révélé être une provocation aux forces séparatistes. Il est important de noter que le dialogue ou la médiation se fait avec les principaux belligérants et pas seulement avec des modérés. Si toutes les parties ne sont pas sur la table pour mettre fin au conflit, alors la violence continuera», souligne l’expert au micro de Sputnik.

Au chapitre des principales recommandations, le grand dialogue national avait opté pour l’accélération de la décentralisation, déjà prévue dans la Constitution de 1996. Un choix qui écartait de fait le fédéralisme demandé par plusieurs personnalités anglophones présentes aux assises de Yaoundé.

Et comme cachet particulier à cette option, le GDN a également abouti à l’octroi d’un statut spécial pour les deux régions séparatistes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Un statut qui leur garantit «le respect du système éducatif anglophone et la prise en compte des spécificités du système judiciaire anglo-saxon».


 
Si dans le pays, l’heure est à la mise en œuvre progressive de la décentralisation, avec entre autres l’entrée en vigueur du code général des collectivités territoriales décentralisées et la tenue annoncée des élections régionales pour le 6 décembre prochain, l’option choisie par Yaoundé ne trouve pas un écho favorable dans les zones en conflit.

Beaucoup y voient du positif pourtant. C’est le cas d’Yvan Issekin, politologue, pour qui «le bilan du grand dialogue national est plutôt appréciable».



 
«Il faut laisser du temps à la mise en œuvre progressive des recommandations, compte tenu des contraintes et des opportunités de l’environnement sociopolitique. L’adoption du code général des collectivités décentralisée [qui consacre un transfert de plus de compétences aux collectivités territoriales, une tutelle moins présente et le statut particulier aux régions anglophones, NDLR] permet une accélération du processus de décentralisation», argue le politologue au micro de Sputnik.

Même si l’allocation du statut spécial va conduire vers une relative autonomie, objet des revendications des promoteurs de la crise anglophone, ce statut est jugé par beaucoup d’analystes comme «une demi-mesure qui trahit la volonté de l’ordre dirigeant de manœuvrer par tous les moyens pour le maintien des réflexes de l’État centralisé».

La nécessité d’un véritable dialogue?

Si certains avaient donc vu dans ce grand dialogue national un début de solution à la crise qui règne en zone anglophone, son efficacité dans la résolution du conflit fait débat dans le pays. Au vu des tensions encore présentes sur le terrain, plusieurs observateurs pensent que le gouvernement camerounais devrait s’engager dans le processus de facilitation d’un autre dialogue, cette fois plus inclusif.

D’ailleurs, précise Wannah Immanuel Bumakor, «pour que toute concertation ou médiation soit efficace, il doit y avoir une prénégociation entre les parties belligérantes pour appeler à un cessez-le-feu et les deux doivent élaborer un plan pour mettre fin à la guerre ensemble».



«Des concessions doivent être faites des deux côtés pour montrer qu’on désire vraiment dialoguer. Jusqu’à présent, le pouvoir de Yaoundé détient toujours des prisonniers anglophones et les violations des droits de l’Homme sont encore nombreuses sur le terrain. Cette attitude n’encourage pas les forces séparatistes à baisser les armes car elles sont convaincues que ce n’est qu’en recourant à la violence que leurs doléances seront entendues», se désole le spécialiste de la gestion des conflits.


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